Avec la Covid, notre entreprise est passée par plein d’émotions et de questionnements. Je me suis mise à considérer m’associer avec de nouveaux partenaires, à faire grandir la « famille » entrepreneuriale derrière le projet.

Mon ami, et plus grand conseiller d’affaires, Darko Popovic, qui a considéré devenir partner pendant quelques temps après la vente de sa propre compagnie, m’a conseillé de remplir ce questionnaire visant à cerner quelle entrepreneure je suis, et quelle entreprise j’ai mise en place. Il l’avait lui-aussi rempli, et le but était d’apprendre à se connaître comme des potentiels partenaires et non-seulement comme des amis. Parce que la vie est pleine de détours, notre association n’a pas eu lieu, mais je suis heureuse d’avoir appris de cette petite expérience de remise en question.

J’ai trouvé ce petit jeu tellement pertinent que je l’ai aussi fait remplir à mes partners actuels (Jean et Andrée et mes parents) ainsi qu’une version adaptée pour mon gérant Thom. Je suggère à tout entrepreneur ou leader de projet et ses associés de remplir ce questionnaire avant de sauter dans l’aventure.

Quand je pense aujourd’hui à m’associer avec de nouveaux joueurs, que ce soit pour le projet dans les Laurentides ou quand on me propose des projets farfelus, je ressens le besoin de faire remplir ce document à quiconque avec qui j’aurai un lien d’affaires très intense et proche. Tsé, c’est comme un mariage, tu veux pas te tromper de team player!

Je vous partage aujourd’hui mes propres réponses, écrites en bon franglais (désolée à ceux que ça choque), peut-être pour vous faire mieux connaître mon projet et pour vous inspirer à vous poser ces mêmes questions. 

Vision d’entreprise

Si vous aviez à gager, où sera votre entreprise dans 5 ans?

Dans 5 ans, le « village » Backbone possèderait non seulement son centre d’escalade, bistro, auberge et camping (services touristiques et courte durée) mais déjà 1 bloc à logements intelligents et habités par notre communauté. Inspiration pour toute l’industrie québécoise du tourisme de plein air, all right, mais surtout du concept de life style au quotidien. En voie d’accomplir des pocket neighborhoods visant le bien être à échelle humaine, abordable.

Quels sont des « milestones » que vous souhaitez atteindre ?

– Roulement efficace  du centre d’escalade, bistro et auberge Backbone et ce de façon indépendante des fondateurs

– Départ de Jean et Andrée (mes parents) du day to day dans le roulement de la/les compagnies

– Déplacement des placements financiers vers des investissements plus sécuritaires (immobilier) et de moins en moins dans les activités commerciales qui rouleront sur les cashflow qu’elles génèreront d’elles-mêmes.

– 1 deuxième succursale dans le Nord, pour protéger nos activités dans les Cantons-de-L’est 

Comment allez-vous partager les profits? Seront-ils versés aux propriétaires de la compagnie ou réinvestis ou les deux?

Train de vie simple et axé sur le bonheur (versus consommation) des founders, permettant de réinvestir toujours le suplus. But ultime : QU’UN MAXIMUM D’HUMAINS VIVENT « BIEN » DE NOTRE ENTREPRISE. Ce mot « bien » est à définir selon les grappes d’humains involved : fondateurs, gestionnaires, staff, membres de la communauté, voisins and such.

Valeurs de la compagnie

Quelles qualités cherchez-vous dans les membres de votre équipe et pourquoi?

– Staff plancher : originalité, bizarre, historique d’incompris-outsider-uncool, déjà membre ACTIF de la communauté Backbone. Pas nécessairement extraverti, surtout être simplement membre de la « famille » déjà.

– Gérance : Pas trop de désir décisionnel du point de vu du branding/image, aime les directions claires, sait penser 8 moves à l’avance, toujours « prêt », grandes qualités organisationnelles et compréhension du schème général de « beauté » émanant du projet. Humain, mais sachant exprimer ses besoins pour être avant tout respecté (pour un emploi durable sans se vider).

– Franchisés : débrouillards, gogetter, gens qui make shit happen, grand appel-passion pour l’industrie, avec expérience en business (genre les déceptions sont derrière eux, y savent dans quoi y s’embarquent).

– Partenaires immobilier : Ont du cash, nous font confiance. Le reste, c’est juste de la négo pis du smartness de notre bord. Je ne veux pas avoir à les « éduquer » sur la pertinence de l’innovation et d’écouter les jeunes générations. Si possible pas misogyne lol.

Quelles qualités cherchez-vous dans des partners ?

– Partenaires avec moi dans Backbone inc.: Partagent les valeurs de l’entreprise genre BIG TIME.

– Qui savent PRENDRE SOIN D’EUX. Pour que l’entreprise soit un espace sain, où chacun sait qu’il est dans un quest personnel au coeur de l’entreprise.

– Possédant un maximum de skills qu’on veut pas payer pour (lol, mais fo real c’est deep important ex. Moi je sais faire des site web, un peu de photo, les réseaux, du video, un peu de montage, du gear, du design, bonne avec les médias, bonne pour écrire et composer, etc. Ma mère a ses BAC en compta et droit, Jean a des qualités d’ingénieur et une maîtrise pas mal tight de excel. C’est fou, avoir plusieurs habilités au sein de l’équipe!

– PAS trop rêveurs. Méchante dose de réalisme + créativité. Je vois une grande différence entre créativité et rêverie.

– Mégalomane pour le bien commun.

N’est pas trop new age-utopiste genre “on va tous être une grande communauté de partage et appeler dans l’univers le succès et ça va arriver tout seul parce qu’on a la foi”. Dude, la foi c’est sick pis y’en faut en ta’, mais y’a rien comme actually travailler fort.

 

Quelle culture d’entreprise souhaitez-vous mettre en place ?

– Je veux offrir à mon équipe ce que je souhaite m’offrir à moi (tout en respectant les guide lines de leur poste bien sûr). Ex. Je ne veux pas d’uniforme, parce que je veux être moi. Eh bien mes staffs n’ont pas d’uniforme non plus. Plus broad que ça, disons que mes staffs ont une folle opportunité d’aller grimper qq part une semaine: je veux qu’ils le fassent. On va trouver une solution pour qu’ils puissent. Disons un staff vit une épreuve personnelle intense? Je veux être la boss qui lui dit qu’il peut aller pleurer une heure dans le backstore, je suis là pour le backer. 

– Hyper important : je veux que chaque personne qui met son coeur dans le backbone puisse s’inventer, s’il a les qualités pour, une job à long terme dans le Backbone. Ex. P-a qui veut gérer le sport études. Sab-Lee qui voudrait être chef. Etc.

 

Si vous pouviez nommer trois à cinq valeurs de base de votre entreprises, lesquelles seraient-elles?

    1. Famille-sentiment d’appartenance à un groupe social humain et différent
    2. Originalité (aka: pas du copiage de personne, vraiment true to my heart dans les idées)
    3. Expérience (dans le sens de vivre une expérience. Lifestyle driven, au sens holistique du terme)
    4. Transparence (no marketing bullshit. Si on a peur on le dit, si on stress on le dit, si on a des idées on le dit. Etc.)
    5. Drôle-jeu-cocasse : on est ici pour jouer!!

 

Motivation personnelle

Quelle était votre motivation personnelle pour démarrer une tel projet?

– Concret : Je voulais grimper dans la nouvelle région où j’avais choisi de vivre, mais il n’y avait pas de centre d’escalade. J’étais donc dans le devoir de le partir moi-même, c’est toujours comme ça que mes business startent.

– Personnel : Je voulais comme toujours avoir ma business. Je me cherchais une job long terme qui, à cette époque, devait convenir à mon supposé besoin « social ». J’métais trompée là-dessus!! Maintenant que je sais que je suis une introvert déguisée en PR girl, parfois je me demande si le Backbone correspond à mes besoins personnels.

Familly-wise : mon père n’aimait pas vraiment sa job depuis toujours dans sa job et avait déjà tenté de se partir en business quand j’étais enfant, mais sans avoir vraiment toutes les qualités que ça prend pour être entrepreneur seul. Ma mère avait été maman à la maison très longtemps, mais possédait aussi plein de formations utiles dont un BAC en admin et un BAC en droit (okay…wow!!). C’était ma façon de « sauver » les assets familiaux tout en bénéficiant de leur $ que je pensais impossible à trouver ailleurs. Ce qui est faux, parce que l’argent ça se trouve easy.

– Aujourd’hui (jan 2021): devenir souveraine de ma famille, accomplir ma vocation de business woman en m’éloignant de la job de « roulement » de la compagnie pour make happen un plus grand idéal. Why? Because it has to exist. Ça revient au premier point A.

 

Comment allez-vous atteindre ces buts et quand saurez-vous que vous les aurez atteints?

Comment je vais savoir si c’est atteint : quand, sans rusher financièrement moi-même et sans payer de mon temps et de ma vie quotidienne, un maximum de gens autour de moi vivront de, et dans, ce projet. Mais c’est une bonne question: où ça se termine? Quand serais-je accomplie? J’avoue que je sais pas…

What to do next ?

But ultime pour lequel je prends clairement un criss de détour : avoir une terre à prendre soin, dans un espace naturel pas trop sollicité par des humains excepté « les miens » (amis proches, famille) et orienter ma « création » sur mes projets professionnels personnel ex. La rédaction de mes livres, scénarios de films,  la poursuite du projet 1001fesses, etc. Je vois ça aussi comme des mini business. C’est mon dream life, gérer mes mini business à moi, pour moi.

Financer et encadrer des jeunes prodiges dans plein de domaines. 

Y a-t-il un aspect de votre produit/projet que vous êtes absolument opposé/e à changer ou sacrifier?

– L’aspect un peu « brocket » de notre branding. 100% contre devenir « slick » ou mainstream

– Absolument contre devenir une genre de coop éco village OBNL blablabla. Je veux rester en structure dictature saine. Et c’est moé la dictatrice! haha je rigole, mais comment expliquer: je vois une entreprise comme un bateau, et c’est important qu’il y ait un capitaine qui a une vision claire. C’est un rôle que je ne veux pas avoir à défendre. 

– Je veux encore et toujours participer à l’embauche d’à peu près n’importe qui, et continuer de m’assurer que mes staffs sont weirds et différents, uniques et surtout désireux de se faire une place à long terme chez-nous, aka EN PRENDRE soin et pas les crosser.

– Même si des fois je suis envieuse de certains entrepreneurs (surtout en immobilier et construction) qui font beaucoup de cash vraiment vite parce qu’ils sont shark et plus ou moins honnête, et parce qu’ils profitent du manque d’expérience et de la naïveté de beaucoup de gens incluant leurs clients, je ne veux pas devenir une dirty business person. Je peux pas croire que y’a pas moyen de réussir sans crosser le monde.

 

Décrivez votre « working style » et « work flow » en quelques phrases : 

 – Organique, brainstorm oriented, éparpillée (aka hyperactivité cérébrale) dans la phase réflective mais structurée quand vient le temps de dispatch et mettre les choses en branle (versus les faire fonctionner bien….ça je suis pas super bonne).

– Pas mal une all day brainstormer je dirais, genre le brain travaille non stop à inventer des solutions toujours plus efficaces et meilleures, souvent besoin de communiquer instantanément mes idées à mes co-workers.

– Tendance à solliciter les gens trop tôt dans les process, ce qui crée des déceptions.

Quelle part de vous doit absolument être entendue afin de bien pouvoir travailler et vous sentir respecté/e?

Mes limites et besoins, sans les juger ou les catégoriser. Je veux être entendue dans qui je suis, sans me faire obstiner ou « convaincre » quand vient le temps de parler de ce que je SENS. Je ne veux pas être manipulée au profit du bien être des autres. 

 

Attentes personnelles et rôles

Quelle partie de votre travail aimez-vous le plus? Qui ne « feel » pas comme de la job?

– BRAINSTORMER et masterplanner. Trouver toutes les solutions, les idées

– METTRE LE BON MONDE À LA BONNE PLACE pour que tout ça fonctionne. Sentir que la job que je donne correspond exactement à ce que la personne devant moi aime faire. Branding et bigger picture.

– J’aime aussi trouver LE projet idéal pour un spot spécifique ou un humain spécifique. Jme sens des fois comme une voyante genre je sais ce qui doit être fait, où.

À quoi être vous bon/ne dans votre travail? Qualité pour laquelle on s’appuie sur vous ? 

Visage de la compagnie, présence médiatique, marketing et branding, gestion humaine respectueuse et posée, calme et intelligente des fournisseurs, staffs, partenaires. Écrire des briques de mots pour whatever quelle circonstance.

Quelle partie de votre travail vous semble difficile et énergivore ? Que vous préféreriez engager quelqu’un pour la faire ?

Tout ce qui concerne le ROULEMENT et la mise en place de systèmes EFFICACE et ergonomiques permettant aux personnes impliquées dans mes idées de les comprendre. Comment expliquer: je me sens comme un grand designer de mode (ex. Karl Lagerfeld genre hahah) qui fait une esquisse en 2-3 lignes et qui a besoin absolument d’un technicien pour interpréter son dessin, en faire faire un patron, puis des coupes, puis un vêtement. Moi j’aime le bout des 2-3 lignes. 

 

Décrivez votre équilibre idéal vie-travail incluant le rythme d’une journée, d’une semaine et, plus généralement, de votre quotidien. Et comment est-ce que ces idéaux risquent d’évoluer dans l’avenir et à cause de quels facteurs?

– Work-life balance : je voudrais pouvoir être présente dans le projet pendant des « rush ». Je réalise avec le temps que je suis project driven, donc sprinteuse, et non day to day life, soit marathonnienne. Pour ce faire, le roulement efficace de l’entreprise doit être indépendant de ma présence quotidienne, ce qui me permet d’être là et active quand le projet le requiert, mais aussi absente, en mode création-inspiration-PR-etc, quand le projet le requiert tout autant.

– Concrètement : idéalement je travaillerais une journée sur deux, versus 5 jours d’une shot et 2 jours off. Une on, une off, ça me rend toujours en mode j’ai hâte au lendemain. Je fonctionne bien le matin pour clencher des trucs, puis vers 14h ça descend. Le soir je suis off, sauf pour brainstorm et jaser.

– J’ai besoin de pouvoir vivre les autres opportunités qui s’offrent dans ma vie : 1001fesses, mon livre, etc. Ce sont des rêves trop grands pour moi, s’il le faut je couperai mon salaire pour pouvoir accepter des opportunités de ce genre.

– Famille: J’ai 32 ans. La prochaine 10aine pourrait donc, si ça fait du sens rendue là dans ma vie, d’impliquer l’arrivée de kids dans mon existence. Peut-être pas non plus, mais mettons que c’est sûr que si ça arrive, c’est dans les prochaines années. Et si ça arrive, c’est non-seulement un souhait, mais carrément une vraie position de ma part de vouloir être présente dans l’enfance de mes kids. Ce qui n’empêche pas d’être présente dans la business, mais différemment.  

 

Est-ce que cette entreprise sera votre « dernière job à vie »? Si non, quand prévoyez-vous la quitter et pour quelles raisons?

Could be, si c’est évolutif et que ça m’offre toujours plus de liberté du point de vu QUALITATIF de mon temps. Dans 5 ans, j’aimerais pouvoir me permettre d’avoir des enfants mettons et que ceux-ci aient une mère. Ou si j’ai pas d’enfants, plein de projets artistiques personnels et le temps adéquat pour les mener à terme.

Quel est votre plus gros challenge quand survient un conflit avec vos partners ou coéquipiers ?

Je passe souvent les besoins des autres avant les miens, je mets une énergie incroyable à régler les problèmes des autres avant les miens, à entendre, écouter, ce qui résulte en frustrations et passive agressiveness. Et surtout, une grande grande fatigue intérieure. 

 

Responsabilités

Si un des partenaires, ou même employé, désirait quitter, comment réagiriez-vous? Le convaincre de rester ?
Je laisserais partir, si c’est fait dans le respect de l’entreprise et de nos ententes. Tout comme un couple, si la personne est rendue au point de nommer qu’elle veut quitter, c’est qu’elle est vraiment malheureuse et ce serait clairement abusif de chercher à la « convaincre » de rester.

Avez-vous déjà vécu des échecs et si oui, comment avez-vous « handle » la situation ? Qu’avez-vous appris ?

Je dirais que ma première business Artbangbang au complet c’était un kind of fail parce que je manquais d’expérience et je cherchais le succès publique de ma géniale idée plus que sa réussite concrète et financière. J’ai réussi à rendre ce projet en effet ben « connu » et acclamé, mais clairement useless dans le real life. Même au moment de la vente, j’ai fail en étant juste careless.

J’ai pas mal appris à ne pas tomber en amour avec une idée, à m’auto party-poop quand je suis trop excitée, à être réaliste. À + petite échelle, au coeur du Backbone j’ai over and over fail dans mes relations avec fournisseurs, staffs and such parce que souvent, dans le but d’être « chill » je ne suis pas claire dans l’expression des attentes du Backbone et alors ça crée des déceptions, des quiproquos, des interprétations qui nuisent au brand.

Gestion des conflits

En face d’un désaccord avec des partenaires, que souhaitez-vous mettre en place pour démêler la situation ?

On parle. Si c’est trop dur, on demande de l’aide avec un médiateur. FREAKIN important pour moi qu’on aie pas d’égo au sujet d’aller chercher de l’aide externe en cas de vrai problème (ex. Impossible de faire ça avec mon père, il refuse toute aide).

Comment vous et vos partenaires devraient communiquer vos inconforts et malaises?

– J’allais dire « évitons de communiquer par écrit » mais enfait, je crois que des fois ça peut aider de nomme noir sur blanc un issue. Reste que après, le but est de ne PAS échanger sur ce défi par écrit. Genre on le nomme, et ensuite on se dit « ok, on est dûs pour un meeting », et alors on s’assoit et on parle.  

– PARLER. Ne pas accumuler, retenir. Sinon ça sort en communication passive-agressive. Je ne suis pas à l’abri de ce patern, souvent j’attends trop longtemps pour nommer des irritants mais je les fais sentir en crime. Je trouve ça dommage de ma part, et je veux qu’on évite le tout.

– Le plus possible travailler sur l’humilité et savoir reconnaître nos erreurs quand on en fait. Tsé, c’est trop pas grave de faire des erreurs, c’est même hyper importants.